Le logo du Programme alimentaire mondial
par Nidal al-Mughrabi et Olivia Le Poidevin
Un approvisionnement humanitaire régulier et à long terme est nécessaire pour faire face à l'aggravation de la crise sanitaire à Gaza, ont déclaré lundi les agences des Nations unies alors qu'Israël a assoupli ses restrictions sur l'enclave palestinienne au cours du week-end.
Sous la pression internationale et face à l'indignation provoquée par les images d'enfants affamés à Gaza, l'Etat hébreu a procédé à un largage aérien d'aide et a annoncé une série de mesures dimanche, dont des pauses humanitaires quotidiennes dans trois zones de Gaza et l'ouverture de nouveaux couloirs humanitaires.
Lundi, le ministère de la Santé de Gaza a déclaré qu'au moins 14 personnes étaient mortes de faim et de malnutrition au cours des dernières 24 heures. Au total, 147 personnes, dont 89 enfants, sont mortes de faim ou de malnutrition à Gaza depuis le début de la guerre en octobre 2023. La plupart de ces victimes ont péri au cours des dernières semaines.
Le Programme alimentaire mondial (Pam) a déclaré que 60 camions d'aide avaient été envoyés dans l'enclave palestinienne mais que cette quantité ne répondait pas aux besoins des Gazaouis.
"Soixante camions, c'est nettement insuffisant. Notre objectif actuel est donc d'acheminer chaque jour 100 camions à Gaza", a déclaré à Reuters Samer AbdelJaber, directeur régional du Pam pour le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et l'Europe de l'Est.
"Je ne peux pas dire qu'en une semaine, nous serons en mesure d'écarter les risques. Il faut que ce soit quelque chose de continu et d'évolutif", a-t-il insisté.
Selon le Pam, près de 470.000 personnes à Gaza vivent dans des conditions proches de la famine, et 90.000 femmes et enfants ont besoin de traitements nutritionnels spécialisés.
Lundi, le président américain Donald Trump a déclaré que la priorité était de nourrir la population de Gaza.
Selon lui, les États-Unis ont fourni 60 millions de dollars d'aide humanitaire et d'autre pays devraient suivre la marche.
"Nous donnons beaucoup d'argent et beaucoup de nourriture, et d'autres pays se mobilisent désormais", a déclaré Donald Trump. "C'est le chaos. Ils doivent obtenir de la nourriture et être en sécurité dès maintenant", a-t-il ajouté à propos des Gazaouis.
Le président américain a également critiqué le Hamas pour avoir refusé de libérer davantage d'otages, vivants ou morts, et a déclaré avoir dit au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu que l'approche d'Israël allait probablement devoir changer.
Benjamin Netanyahu a de son côté déclaré que l'acheminement de l'aide serait maintenu, qu'Israël négocie un cessez-le-feu ou qu'il y ait des combats à Gaza.
DES CAMIONS PILLÉS
Le Pam a indiqué qu'il disposait de 170.000 tonnes de nourriture dans la région, en dehors de Gaza, une quantité suffisante pour nourrir l'ensemble de la population gazaouie au cours des trois prochains mois si l'organisation obtenait l'autorisation d'entrer dans l'enclave.
Selon le Cogat, l'agence israélienne de coordination de l'aide militaire, plus de 120 camions des Nations unies et autres organisations internationales se sont rendus à Gaza dimanche.
Certains de ces camions ont été saisis par des Palestiniens désespérés et d'autres par des pilleurs armés, ont indiqué des témoins.
"Actuellement, l'aide est destinée aux plus forts, à ceux qui peuvent aller de l'avant, qui peuvent pousser les autres et s'emparer d'une boîte ou d'un sac de farine. Il faut mettre fin à ce chaos et assurer la protection de ces camions", a déclaré Emad, 58 ans, ancien propriétaire d'une scierie à Gaza.
Davantage d'aide devrait affluer lundi. Le Qatar a déclaré dans un communiqué avoir envoyé 49 camions en direction de Gaza. La Jordanie et les Émirats arabes unis ont également largué de l'aide par avion à Gaza.
NÉGOCIATIONS INTERROMPUES
Israël a imposé un blocus total sur la bande de Gaza début mars, une stratégie qui selon lui vise à faire pression sur le Hamas pour la libération des otages.
Israël dit respecter le droit international mais affirme devoir empêcher l'aide d'être détournée. L'Etat hébreu accuse le Hamas d'être responsable des souffrances de la population de Gaza.
"Israël est présenté comme si nous menions une campagne de famine à Gaza. C'est un mensonge éhonté. Il n'y a pas de politique de famine à Gaza, et il n'y a pas de famine à Gaza", a déclaré Benjamin Netanyahu dimanche.
Il a ajouté qu'avec les nouvelles mesures annoncées, c'est aux Nations unies de livrer l'aide à Gaza.
Le responsable de l'aide humanitaire des Nations unies, Tom Fletcher, a déclaré dimanche que certaines restrictions de mouvement semblaient avoir été assouplies par Israël.
Le Pam a besoin d'autorisations rapides de la part d'Israël pour que ses camions puissent entrer dans la bande de Gaza et ainsi profiter des pauses humanitaires, a dit un haut responsable de l'agence dimanche.
Le conflit a débuté le 7 octobre 2023, lorsque des combattants dirigés par le Hamas ont attaqué le sud d'Israël, tuant environ 1.200 personnes, en majorité des civils, et enlevant 251 otages.
Depuis, l'offensive israélienne contre le Hamas a fait près de 60.000 morts à Gaza, principalement des civils, selon les autorités sanitaires locales. L'offensive a également réduit une grande partie de l'enclave à l'état de ruine et déplacé presque toute sa population.
Les négociations indirectes sur le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas ont été interrompues à Doha, sans qu'aucun accord ne soit pressenti.
Interrogé sur la possibilité d'une trêve, Donald Trump a déclaré : "Oui, un cessez-le-feu est possible, mais vous devez l'obtenir, vous devez y mettre fin." Il n'a pas précisé ce qu'il entendait par là.
Dimanche, il affirmait qu'Israël devrait prendre une décision sur les prochaines étapes à suivre, ajoutant : "Je sais ce que je ferais, mais je ne pense pas qu'il soit approprié que je le dise."
(Rédigé par Nidal al-Mughrabi, Olivia Le Poidevin et Maayan Lubell, version française Etienne Breban, édité par Kate Entringer et Blandine Hénault)
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